Si au tout début les reprises de versions originales témoignaient de quelques maladresses de « jeunesse » qui collaient bien à l’ardeur et à l’entrain inouïs du moment, ces artistes, dans leur salutaire énergie salvatrice, ont fait connaître en France des musiques qui suscitèrent plus qu’une simple curiosité distractive.

Cela s’effectua dans une ambiance folle, empreinte d’une créativité et d’un enthousiasme uniques, et ce, avec des moyens souvent artisanaux. En dépit de ce que l’on pourrait de nos jours imaginer, cette mise au pilori des « yéyé adaptateurs », même édulcorée, perdure.

Cette collection est là pour démontrer – ainsi que j’avais eu l’occasion de le faire, grâce au regretté Pierre Bouteiller, sur les antennes de France-Inter en l’été 1996 dans l’émission que je produisais et animais sur les versions originales et leurs reprises françaises, «Cherchez la source» – que bien des adaptations effectuées par nos artistes n’ont pas, contrairement aux idées reçues et tellement bien entretenues, toujours eu à pâlir face à leurs originaux.

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Tous ces chanteurs (euses) et autres groupes avaient été mis (et ça continue…) en accusation de « singer » les originaux anglo-saxons qu’ils ont « traduits en français » de façon puérile voire débilitante.

Les idées reçues ont la vie dure… Si au tout début du phénomène les paroles des reprises de versions originales ne s’inscrivaient pas spécialement dans un registre pertinent au sens littéraire du terme, on ne peut considérer que tout était nul, voire ni fait ni à faire comme nous l’avons trop entendu notamment en provenance de ceux qui, à bien y regarder et les entendre, n’y connaissent rien. Après la première période, disons 1958-1962, c’est à partir de 1963 que commencent à arriver des textes moins dans l’onomatopée et plus dans de véritables petites histoires, des saynètes.

Les paroliers, adaptateurs ou non, s’adaptèrent rapidement, et nombre de textes d’assez haut niveau solidifiaient bien les faces B des 45 tours, les fonds des 33 tours, et très vite les chansons de face A dont certaines revêtaient une véritable valeur du point de vue du sens.

Les premiers disques qui inaugurent cette série de « pack collector » disque microsillon vinyle + CD concernent les trois artistes les plus emblématiques de cette période allant de 1958 à 1965 ; chacun d’eux a symbolisé l’archétype même d’« idole » au sens symbolique que ce terme revêt à l’époque.
Il s’agit donc du « triumvirat » le plus représentatif de cet « âge d’or » à savoir : Richard Anthony, Johnny Hallyday, Claude François (baptisé « Cloclo » par Jean-Marie Périer, le photographe emblématique de Salut les copains).

À eux seuls, ils ont synthétisé sur leur propre personne/personnage tous les grands courants musicaux anglo-saxons qui ont irrigué les répertoires « yéyé ».

Ils furent, avant l’arrivée un peu à contre-courant d’Adamo, les plus « gros vendeurs » de disques ; ils eurent les passages radios les plus nombreux tout comme les tournées avec les salles les plus pleines, sans compter les classements dans les hit-parades et notamment celui de la revue Salut les Copains qui, jusqu’en 1967 refléta, malgré tout, des données assez proches de la réalité du marché et de la notoriété de chacun des artistes.
La représentativité exceptionnelle que ces trois artistes incarnent n’enlève bien sûr rien à la qualité et à la popularité des sillons musicaux gravés par leur congénères, ainsi de Frank Alamo, Dick Rivers, Hugues Aufray, Eddy Mitchell, Monty, Ronnie Bird, Noël Deschamps pour ne citer que ceux-là, sans compter le « triumvirat » féminin avec Sylvie Vartan, Sheila, Françoise Hardy, suivies de près par France Gall et Michèle Torr.

Olivier Delavault


Bibliographie sélective et essentielle :
Olivier Delavault, Dictionnaire des chansons de Claude François, Durante éditeur 2003. 
Télémaque 2008. Trédaniel éditeur, 2013, préface d’Alain Chamfort.
Olivier Delavault, Claude François. L’intégrale des adaptations, Trédaniel éditeur, 2018. Ce livre présente les adaptations françaises de versions originales.
On trouvera ici les couvertures des deux livres les plus récents.
Richard Anthony, Quand on choisit la liberté (avec cahier des adaptations en fin de volume
réalisé par Olivier Delavault), Florent Massot éditeur, 2010.
Jean-William Thoury, Johnny en chansons. Dictionnaire des chansons de Johnny Hallyday,
La Mascara, Tournon, 2002.
Benoît Cachin, Dictionnaire des chansons de Sylvie Vartan, Tournon, 2005
Christian Eudeline, Anti-yéyé : une autre histoire des sixties, Denoël éditeur, 2006.

LIENS :

OD édition – Nuage Rouge – www.nuagerouge.com : Edition fondée en 1989 dans la librairie « INDIENS D’AMERIQUE » et dirigée par Olivier Delavault. Edition de livres sur les Indiens des Amériques, du Pôle Nord à la Terre de Feu. Collection Nuage rouge, sur les cultures et civilisations des Amérindiens, et collection Terres étrangères, avec des auteurs indigènes d’Asie, d’Océanie, d’Amérique et de Sibérie.
Big Beat Records – www.bigbeatrecords.fr : Label rock & roll et vente de disques depuis 1980.
Sidonis Calysta – www.sidoniscalysta.com : DVD western.

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